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SACRÉ VEINARD

SACRÉ VEINARD
Jay Johnson a le meilleur boulot du fitness: c’est l’entraîneur de l’équipe de pom pom girls des Dallas Cowboys. Par Jeff O’Connell


Dans l’émission de la chaîne sportive de télévision américaine câblée, ESPN, on pense qu’être reporter sportif est un “boulot de rêve,” mais il existe des jobs qui ne sont même pas du travail. Vu le turnover des prétendants de Britney Spears, l’organisateur des cérémonies de mariage de la chanteuse est sûr d’être à l’abri du besoin, avec cette seule cliente. Même chose pour le Directeur des ressources humaines de Donald Trump: seul le patron engage ou renvoie ses collaborateurs. On dit que J.Lo. paie quelqu’un qui l’aide à conserver une poitrine affriolante sur le tournage de ses vidéo clips.

En fitness, il n’y a qu’un seul emploi qui puisse faire dire: “On te paie à faire ça?” et c’est Jay Johnson qui le tient. Ancien sergent-chef dans l’armée américaine, il est devenu instructeur au camp d’entraînement des Dallas Cowboys Cheerleaders. “C’est le rêve pour un entraîneur personnel,” explique-t-il en riant. Johnson parle d’une voix ferme et sans réplique. Le ton et le contenu évoquent Montel Williams, mais son physique éclipse celui de l’animateur de talk shows télévisés. “Il s’agit d’une franchise très connue et des America’s Sweethearts” [les petites fiancées de l’Amérique] ajoute-t-il.
Hé oui! Quelques instants plus tard, sur le Texas Stadium totalement désert hormis ces quelques occupants, il fait les cent pas au milieu du terrain entre deux rangées de beautés en uniforme. Au-dessus des projecteurs du stade, le ciel est noir, mais sur la ligne de touche, on sent encore la chaleur qui vous revient comme un boomerang. Ce n’est rien, expliquent les administrateurs de l’équipe; attendez le match de dimanche quand le soleil ardent pénètre à travers le toit et grille le gazon. Si elle veut être capable de danser pendant trois heures dans cette fournaise sur des chorégraphies sophistiquées, une fille doit avoir une sacrée forme. Voici maintenant Johnson en plein dans son rôle d’instructeur: il vocifère des ordres et braille un compte à rebours tandis que ses ouailles exécutent en cadence des sauts écarts latéraux jambes-bras, des squats suivis d’un grand écart sauté, des pompes et d’autres exercices de gymnastique
“Allez, allez, on se bouge! Lancez la jambe plus en arrière,” crie-t-il en direction de Monica Cravinas, 24 ans, étudiante à la Nouvelle-Orléans: ses fessiers semblent défier les lois de la pesanteur, laissant à penser que c’est Dallas et non Kansas City ou Baltimore qui présente la ligne d’arrière la plus galvanisante de toute la NFL. Ses collègues et elle-même s’entraînent ainsi pendant 45 minutes tous les soirs et ces séances, qui ne sont qu’une partie d’une pratique plus longue et plus intensive, sont basées sur les techniques d’entraînement de l’armée: c’est dire le nombre d’exercices de gymnastique, de tours de terrain au pas de course et de montées et descentes des gradins du stade qu’elles doivent effectuer. Johnson renforce leur mental autant que leur corps en s’entourant de nutritionnistes, de masseurs, de chirurgiens orthopédiques, de professeurs de yoga, de triathlètes et autres spécialistes qui viennent faire des présentations.
Les filles suivent le même entraînement physique que des soldats et subissent exactement les mêmes tests: toutes les six semaines, on regarde combien de pompes, puis combien de relevés de bustes elles sont capables d’exécuter en deux minutes et on évalue leur vitesse sur une course de 3 kilomètres. Si l’on prend en compte l’âge et le sexe, le score le plus élevé est de 300. Sur les 38 membres de l’équipe cette année, 28 ont atteint 280 ou plus, et ont gagné le droit de faire partie de la Power Team qui possède son propre site web. Parmi elles, Jenni Croft, assistante dentaire de 24 ans, originaire de Wichita, Kansas. Depuis 3 ans chez les Dallas Cowboys Cheerleaders, elle a réussi récemment à faire 112 pompes, 86 relevés de buste et couru en 14 secondes 24 dixièmes, un score parfait. “Entre ma première année et maintenant, j’ai vraiment noté une énorme différence dans ma manière de me déplacer: à mon avis, c’est grâce à Jack,” déclare-t-elle.

LES FIANCÉES DE L’AMÉRIQUE
Peu importe ce que vous pensez des Dallas Cowboys en tant qu’équipe de football américain; ce n’est pas le propos. Peu importe l’avis général, les Dallas Cheerleaders sont n° 1. À lui seul, ce nom est synonyme de pom pom girl; des filles représentent une icône culturelle éternelle, digne d’être protégée dans une capsule à l’épreuve du temps. Elles sont America’s Sweethearts. (Marque déposée.) On raconte que Dieu s’est arrêté sur le toit du Texas Stadium afin de pouvoir admirer ses idoles, mais il est plus probable qu’il regarde les jolies filles qui gesticulent sur la ligne de touche depuis 1972.
Revêtir l’uniforme étoilé bleu et blanc est un honneur réservé aux meilleures parmi les meilleures. Originaires de petites villes ou de grandes cités, elles sont sélectionnées dans la région qui sert de cadre au film “Friday Night Lights”. L’équipe compte moins de 40 femmes et une moitié environ est renouvelée chaque année. Une jeune personne qui postule pour une place se retrouvera face à des reines de beauté locales, des mannequins et des monitrices de danse, toutes magnifiques, en train de faire le tour du stade en file indienne. Les deux semaines suivantes, un jury composé de la directrice de l’équipe Kelli McGonagill Finglass et de la chorégraphe Judy Trammell — toutes les deux ex-pom pom girls pour les Cowboys — vont effectuer le tri des candidates en leur faisant subir d’éreintantes séances d’essai de danse ainsi que des entretiens. Quand on entend cela, on se demande s’il ne serait pas plus facile d’essayer d’entrer dans l’équipe de football américain!
Une fois bonnes pour le service, les pom pom girls s’entraînent quatre heures tous les soirs, de mai à fin juillet, afin de préparer la saison. Elles reçoivent une prime de 50 $ par match, mais ce n’est pas une question d’argent. Il s’agit de construire une légende, de se sacrifier à une entreprise qui vous dépasse, tout en donnant le meilleur de soi-même. Ceci explique pourquoi, lorsque Johnson s’est installé à Dallas, après son service dans l’armée et qu’il s’est trouvé en face de l’une de ces femmes d’élite, il a eu la sensation de rencontrer une sœur jumelle, même si cela peut paraître étrange. Il lui est apparu qu’une excellente pom pom girl se devait de recevoir le meilleur entraînement. Il a donc proposé à Finglass de les amener au top grâce aux méthodes de mise en forme de l’armée américaine. Elle l’a pris au mot et ne le regrette pas.
Il y a quatre ans, cela fonctionnait sur la base du volontariat. Seules sept membres de l’équipe sur 35 ont voulu essayer, principalement celles qui y ont été poussées à cause d’un “poids critique.” Aujourd’hui, le parcours du combattant est devenu obligatoire. Ce n’est pas un hasard si les volontaires de la première heure sont dorénavant les chefs des vétérans de l’équipe. On ne se bat plus pour être la plus belle ou la meilleure danseuse, mais pour réaliser un score de 300.

DURS COMME DES ONGLES (VERNIS)
Il est facile de dénigrer les camps d’entraînement, en partie parce qu’il y en a tellement. Si on les suit sans conviction, ils peuvent sembler vaguement ridicules, maintenant que des vrais soldats subissent des préparations authentiques en vue de guerres réelles. Johnson a organisé des parcours du combattant pour d’autres clients dans la région de Dallas et nombreuses sont les personnes qui le déçoivent car elles n’ont aucun sens du sacrifice: elles laissent tomber trop facilement.
Sur le stade, c’est différent. Je demande à Johnson s’il plaisante lorsqu’il déclare que ces femmes sont aussi coriaces que beaucoup des soldats qu’il a entraînés. Il est affirmatif: “Je connais des gars dans les Forces Spéciales qui ne sont pas capables d’atteindre le score de 300,” déclare Johnson. “On pense que tout est dans les pompons et la coiffure, mais certaines de ces filles ont un sacré punch. Des rangers et des SEALS assistent à nos sessions et ces filles sont tout à fait capables d’en moucher quelques-uns.” M&F
FÉVRIER 2005