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SYLVESTER STALLONE

SYLVESTER STALLONE
L’HOMME QUI A RELANCÉ LE FITNESS
Cette légende du cinéma boxe encore à 58 ans et fait un retour aux sources de l’entraînement avec un reality show et une nouvelle gamme de suppléments. Par Michael Berg.


Hollywood est un monde étrange dans lequel devenir prisonnier de son personnage constitue le summum de l’ironie. Acteurs et actrices rêvent d’un rôle de composition, un personnage qui résonne auprès des spectateurs et qui, dépassant le monde de la fiction, devienne, de son vivant, partie intégrante du patrimoine culturel. ° Pourtant, cet objectif atteint, le même artiste fuit les regards et souhaiterait que son personnage cesse de lui coller à la peau. Or, celui qui a créé un des rôles les plus reconnus du cinéma — ce héros du grand écran qui a probablement suscité cette immense révolution du fitness dans les années 80 — a une toute autre vision des choses.
En réalité, Sylvester Stallone n’a pas hésité à se mettre cinq fois dans la peau de sa plus grande création dans le monde du cinéma: à présent qu’il se trouve à la veille de jouer Rocky pour la sixième fois, il revient aux domaines où son excellence se manifeste de la manière la plus évidente: la boxe et le fitness.
Le reality show The Contender, [Le concurrent] où des pugilistes en herbe rivalisent pour remporter le gros lot d’un million de dollars, ainsi que InStone Nutrition, une gamme de suppléments qui porte son nom et son image, permettent à Stallone de renouer avec ses racines. Il est prêt à recommencer à servir d’inspiration aux millions de personnes qui rêvent de marcher sur ses traces. À ses yeux, Rocky n’est pas un boulet qu’il traîne, mais une remarquable idole que même lui, Stallone, est capable d’apprécier
.
L’EFFET ROCKY
Depuis plus de 20 ans, Sly tourne des films d’action, avec des succès comme First Blood [Rambo], Demolition Man, Cliffhanger, Tango & Cash, ainsi que sa dernière réussite au box office, Driven.
Malgré quelques incursions ratées dans le registre de la comédie — n’oublions pas Stop! Or My Mom Will Shoot — Stallone n’a jamais oublié Rocky, le bagarreur de Philadelphie au nez cassé et au cœur tendre. Après l’oscar du meilleur film remporté en 1976 par Rocky, circonstance exceptionnelle s’il en fut, la franchise détenue par MGM connaîtra quatre autres opus en 1979, 1982, 1985, et 1990.
Interviewé dans sa maison de Los Angeles, Stallone n’hésite pas à reconnaître l’influence de Rocky Balboa. Les fans vouent un culte à cette divinité qui a changé leur vie en les poussant à faire de la musculation, ce qui réjouit l’homme qui l’a porté à l’écran.
“Je n’y suis pour rien, il s’agirait plutôt d’une… philosophie qu’aurait Rocky et qui a touché certaines personnes,” déclare-t-il, essayant d’expliquer ce phénomène verbalement. “Par exemple, je me suis rendu au match d’ouverture du nouveau stade des Philadelphia Eagles l’année dernière. À un certain moment je me suis levé, simplement pour saluer la foule. Le stade entier m’a fait une ovation et j’ai compris que cela ne s’adressait pas à Sylvester Stallone, certainement pas! C’était pour Rocky. [Ils considèrent] Rocky comme emblématique de leur ville. ‘Ne recule pas. T’avances, toujours, t’avances.’ Je pense que c’est cela que j’incarne aux yeux du public.”
Coproducteur de The Contender le créateur de Survivor [Sauvetages], Mark Burnett, cherche probablement à surfer sur la vague Rocky. Il a téléphoné à Sly pour le convier à monter sur scène. “J’ai demandé à Burnett, ‘Tu es sûr de ne pas préférer un boxeur plus célèbre?’” se souvient Stallone. “Il m’a répondu ‘Non, nous, on cherche à faire du spectacle, c’est sûr, mais on veut aussi jouer sur quelque chose qui va te coller à la peau jusqu’à la fin de tes jours.’”
Sly a été séduit par l’idée de concevoir, pour l’heureux gagnant, un scénario à la Rocky dans la vie réelle. Il jouera le rôle du guide qui passe d’un athlète à l’autre, alors que des experts comme Sugar Ray Leonard encadreront les 16 concurrents sur les aspects physiques de ce sport. “Ceci fournit une occasion intéressante d’intégrer la fiction à la réalité,” explique-t-il. “En d’autres termes, cette émission donne leur chance à ceux qui ne l’ont jamais rencontrée ou qui l’ont laissée filer. L’enjeu dépasse la boxe: c’est un conte de fées qui se réalise.”

SUR LA BONNE VOIE
Parallèlement, Stallone s’investit dans un tout autre projet: mettre sur pied une société de suppléments, InStone Nutrition. “J’ai cette idée depuis 7-8 ans,” déclare-t-il. “J’ai testé tellement de choses sur moi-même en matière d’entraînement et de nutrition, ainsi qu’en travaillant sur mon physique pour mes films. Pour Cliffhanger, par exemple, j’ai dû augmenter la puissance de mes jambes et de mes épaules; pour Rocky 3, je suis descendu à 2,8% de graisse corporelle; et pour Cop Land, bien sûr, où mes muscles ont perdu toute leur définition et pour lequel j’ai grossi de 18 kg.”
La concrétisation de son idée repose principalement sur une approche très pragmatique. “Je voulais faire corps avec le produit et dire ‘je l’ai testé sur moi,’”explique-t-il. “Je ne me contente pas de mettre mon nom dessus. Je pense que tout le monde serait très déçu. J’utilise les produits et je peux dire sans risque que tout est formidable. Chaque supplément est le meilleur sur le marché dans le créneau qui est le sien.”
Sly apparaît donc dans The Contender et fait la promotion de InStone. Avec ses 89 kg et 4 à 7 % de masse grasse, il garde une musculature affûtée. Les années lui ont enseigné une chose importante au sujet de l’alimentation et de l’entraînement: faire simple. “J’ai un régime riche en protéines: je mange tout ce qui a une tête, avec de la verdure en accompagnement,” déclare-t-il. “Dans le temps, mon défaut majeur était le surentraînement. Six séances par semaine, et des abdos le soir… mon corps était constamment épuisé. Maintenant, je m’efforce de varier les exercices et je fais trois séances hebdomadaire de 90 minutes. Je me sens vraiment bien — plus fort que jamais, en fait. Il y a quelque chose qui se met en place.”
Ce quelque chose nous sera pleinement révélé dans les mois à venir car il va coucher par écrit les leçons qu’il a tirées de sa longue expérience. “Ce sera une rétrospective de mes méthodes d’entraînement,” explique-t-il à propos du livre qu’il prépare. “J’explique comment j’ai procédé depuis la première fois où j’ai transformé mon corps pour un rôle au cinéma, en passant de 74 kg à environ 90 kg pour le personnage de la grosse brute [en 1974] dans Lords of Flatbush, jusqu’à Rocky, — les réussites et les échecs, les tribulations diverses. J’espère que le résultat final de toutes ces tentatives sera de faciliter la tâche de ceux qui souhaitent métamorphoser leur physique.”

ENCORE UN ROUND
En parallèle avec ses activités non cinématographiques, Stallone pourrait bien envisager de faire remonter Rocky Balboa sur le ring. Le script est écrit, mais le feu vert n’est pas encore donné en raison de quelques différends avec les studios MGM. “Ce retard est dû à des circonstances malheureuses,” déplore Sly. “J’espère que le film verra le jour.” Tandis qu’il se bat pour porter Rocky 6 à l’écran, Stallone y reconnaît des éléments de cette lutte. “Le sujet de Rocky 6 est le scepticisme,” explique-t-il. “À partir d’un certain âge, la société vous dit ‘Vous avez fait votre temps.’ Pourtant, beaucoup de gens ne sont pas prêts à laisser la place. Ils veulent essayer quelque chose qu’ils n’ont jamais tenté ou poursuivre un projet encore en cours.”
Sly fait une pause; peut-être que l’évolution de Rocky lui suggère que, par bien des aspects, elle reflète son propre développement en tant qu’acteur et en tant qu’individu. “Même quand on manque de vitesse, on peut avoir envie de gagner la course. Prenez George Foreman, avec son dernier titre de poids lourd [à 45 ans], ou à John Glen qui a voyagé dans l’espace [à 77 ans] c’est ce à quoi on aspire qui nous maintient en vie. La société dit peut-être qu’il faut laisser la place aux jeunes. Moi, je dis qu’il faudra d’abord qu’on nous écarte du chemin.” M&F

LE PROGRAMME DE SLY
UN EXEMPLE DE SÉANCE AVEC MOUVEMENTS “TIRÉS,” EXTRAIT DU PROGRAMME DE STALLONE, CONÇU PAR SON ENTRAÎNEUR PERSONNEL, GUNNAR PETERSON, CSCS :
Tractions obliques à la barre fixe avec lest
(3-4 séries, 6-12 reps)
Sly commence par une série d’échauffement au poids du corps. Ensuite, il enfile un gilet lesté; il amène le menton alternativement vers la main droite, puis vers la main gauche.
Tirage unilatéral poulie basse
(3-4 séries, 14-16 reps)
Sly utilise un appareil spécial qui comprend deux piles de plaques côte à côte et il tient une poignée dans chaque main. Il fait dix reps avec les deux mains, puis exécute les 4-6 reps suivantes en alternant.
Shrugs à la machine à disques
(3 séries, 6-12 reps)
Sly va jusqu’à 180 kg ou plus.
Tirage à la T-barre
(3 séries, 10-12 reps)
Exécuté en calant l’extrémité d’une barre droite dans l’angle de deux murs. Sly travaille un bras à la fois.
Tractions à la barre fixe + squat avec saut
(3 séries, 8 reps)
La barre fixe étant placée à au moins 2,40 m au-dessus du sol, Sly réalise des squats avec le poids du corps: il prolonge la montée par un saut et attrape la barre. Il exécute une traction, retombe au sol et enchaîne directement avec un squat. Il fait toute la série de cette manière.
Curl décalé, debout avec la barre
(3 séries, 8-12 reps)
Sly place une main au centre de la barre et l’autre plus près d’une extrémité, de manière à ce qu’un bras supporte plus de charge. À la moitié de la série, il inverse la position des mains afin d’exercer autant l’un que l’autre.
Curl avec machine Strive
(3 séries, 12-18 reps par série)
Sly règle la came de butée de l’appareil trois fois au cours de la série afin de cibler différentes parties de ses biceps; il fait 3-4 reps pour chaque réglage.
Curl en prise marteau avec haltères
(3 séries, 8-10 reps)
Au début, Sly exécute 8-10 reps en fléchissant les deux bras simultanément, puis il finit la série par 10 à 20 reps alternées.
Shrugs debout à la machine à mollets
(3 séries, 6-12 reps)
Les pieds bien à plat et le corps droit, Sly soulève les manchons à la force des épaules pour faire des shrugs.
Entre les exercices, Sly fait des exercices d’abdos avec lests et il termine par les avant-bras.

THE CONTENDER
Producteurs: Mark Burnett Productions, Inc., et Dreamworks Television
Principe: 16 jeunes espoirs de boxe amateur vivent et s’entraînent ensemble. Ils luttent pour obtenir le pactole d’un million de dollars, récompense du dernier combat de la saison à Las Vegas. Le clou de chaque émission est un combat de boxe. Le gagnant reste, le perdant est éliminé.
Le rôle de Sly: Stallone et Sugar Ray Leonard serviront de conseillers et de confidents auprès des concurrents.
Les retombées: Burnett et Stallone espèrent utiliser l’émission comme tremplin pour donner un coup de jeune à ce sport mal considéré qu’est la boxe. “Nous souhaitons former de nos nouveaux juges,” explique Stallone. “Nous aimerions également offrir un aspect plus personnel, un regard sur l’intimité des concurrents afin que le public puisse se sentir plus proche des athlètes, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.”

OCTOBRE 2004